Yannick Jaulin

9 mai 2020

Ralentir... enfin !

Article de Ouest France Le conteur Yannick Jaulin a enfin réussi « à ralentir », Marylise Kerjouan, publié le 8 mai 2020

Le conteur a vécu un drôle de confinement, entre grand bonheur et « baisse de régime ». Sa carrière, il ne l’imagine désormais plus dans les grands théâtres mais veut revenir à l’essentiel.

« Je jouais à Saint-Jean-de-Monts le 12 mars, ça a été mon dernier spectacle. Je devais jouer aux Canaries, j’avais un enregistrement avec l’orchestre de Radio France et Alexis HK, sur un texte que j’avais écrit sur la jeunesse de Beethov. Il y avait plein de choses plutôt jubilatoires…

Mais ça ne m’a pas atteint le moral. J’ai entamé cette période avec un grand bonheur parce que ça faisait quatre ans que je traînais ma misère, j’avais envie de ralentir mais je n’y arrivais pas. Je dois avouer que j’ai pas foutu grand-chose pendant ce confinement (rires). Ensuite, j’ai connu une deuxième phase, une baisse de régime, en me disant que mon métier n’allait peut-être même pas recommencer. Depuis, j’ai repris du poil de la bête.

« Se jeter sur leurs œuvres »

J’étais usé de m’être beaucoup battu pour être présent dans les théâtres, dans les grosses salles. Je voulais changer quelque chose, mais le confinement a accéléré le process. Je pense que mon temps dans ces endroits-là est fini et tant mieux. Je vais revenir à l’essentiel de mon métier, c’est-à-dire un homme qui parle devant des gens, qui essaie de leur donner des émotions, de leur faire changer leur vision du monde. Ça se trouve, je vais réinventer mon métier dans les mariages ou les communions (rires).

Entre mars et juin, je dois être à 25 spectacles annulés. Ça représente du boulot mais ça représente aussi des gens qui travaillent. Je pense qu’avec le discours de Macron, mercredi, les gens ont bien compris qu’il y avait du monde en France qui travaillait pour le spectacle. C’est plus important que le secteur automobile, on n’en prend pas toujours la mesure…

Le prolongement de l’intermittence était une nécessité, même si je ne suis pas intermittent, je suis salarié de ma compagnie et je pourrai l’être jusqu’à la fin du mois d’août. Mais après…. Pour faire une allégorie paysanne, je suis un gros exploitant mais ce métier est fait de plein de journaliers et de tâcherons souvent très précaires. Et puis il y a les peintres et les sculpteurs qui n’ont pas de statut protecteur. Ils vont être exonérés de charges, mais la plus belle chose à faire serait de se jeter sur leurs œuvres plutôt que sur les rayons d’hypermarché… »

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