Voyage à pas d'âne | La question de l'identité
Dans l'article sur le point de départ du Voyage à pas d'âne, nous parlions d'identité... Yannick a tenu à vous partager ses réflexions sur le sujet...
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Dans les grandes questions posées lors de ce voyage, il y avait celle de l’identité. Grande question.
J’avais dans un premier document sur ce voyage écrit un premier titre inconscient : que reste-t-il de mon identité ?
Ce titre qui au fond résumait mon désarroi profond dans ma vie intime comme professionnelle était en même temps une grande dégoupillée. Cette grenade m’a d’ailleurs pété à la figure lors d’une soirée (épisode 12) où j’ai aggravé mon cas en posant la question de l’identité vendéenne. Pas agréable mais au fond, passionnant.
Ce mot identité présenté comme définitif est souvent confondu avec la singularité. Je me suis beaucoup intéressé, depuis, aux travaux de Patrick Mathieu un fils spirituel de Georges Dumezil, le découvreur des trois fonctions (le sacré, le guerrier, le travailleur pour faire simple).
…Pour comprendre cette loi, il faut distinguer la singularité et l’identité. L’identité se situe dans la temporalité, s’adapte au contexte et peut être manipulée. La singularité caractérise la structure profonde d’une personne ou d’une organisation. Elle apparaît dès la naissance et ne varie pas ; elle constitue la colonne vertébrale de l’identité et peut être reliée à la singularité des mythes…(Georges Dumézil, l’enchanteur érudit de Michel Poitevin)
Qui je suis ? Il y aurait peut être le socle de l’origine, mes noyaux de singularité.
Qui je crois que je suis ? Là, il y a beaucoup d’inconnus. J’avais lors des travaux d’approche du spectacle Comme vider la mer avec une cuiller, intitulé le spectacle en recherche : Nous sommes tous nés d’un récit.
C’est sans doute cette chose là qui me passionne le plus aujourd’hui. Car il y a le récit individuel (notre légende personnelle) et le récit collectif (récit national ?).
À l’heure des fake news et du storytelling qui ne cherchent qu’une chose : modifier par l’émotion liée à des histoires, notre identité du moment pour nous faire voter, acheter, haïr, dénoncer, tuer…
Parce que nous avons besoin d’un récit de nous-mêmes pour nous rassurer et quand nos piliers sont fragiles, on s’accroche aux piliers des autres…
Je vous conseille de regarder et écouter cette vidéo de Wajdi Mouawad en conversation avec des lycéens. C’est à propos de sa pièce Tous des oiseaux qui est inscrite au programme du bac. C’est formidable.
Mais à partir de 37’12, cette question de l’identité est posée de façon passionnante. Il aborde cette différence entre identité et singularité (qu’il nomme origine)
L’identité est un mouvement. Elle est vivante. L’origine est une ancre qui permet de fixer pour construire cette identité… Elle est vraiment quand on a disparu….